Les fondamentaux : le système nerveux autonome (SNA)
- Julien Renault
- 12 juin 2018
- 5 min de lecture
La théorie polyvagale de Stephen Porges.
Le Docteur Stephen Porges est un éminent chercheur universitaire à l'Institut Kinsey de l'Université de l'Indiana, qui a développé une théorie qui révolutionne le monde de la psychothérapie.
La théorie a été introduite en 1994 alors que le Docteur Porges est Directeur du Brain-Body Center à l'Université de l'Illinois, à Chicago.
Ces trois principales découvertes concernent :
La distribution dans le corps des différentes branches du Système Nerveux Autonome, qui passe de deux branches à trois.
La hiérarchie des différentes branches : elles s'organisent un ordre immuable.
La neuroception, le dixième sens, longtemps appelé le fameux « 6ème sens ».
L'anatomie du Système Nerveux Autonome
Avant les découvertes du Docteur Porges, l'on apprenait les deux branches antagonistes du SNA : la branche Sympathique, ou système nerveux sympathique qui accélère le corps, et la branche parasympathique qui le freine.
Agissant sur l'organisme, le sympathique prépare le corps à réagir en fonction des stimuli dangereux pour son équilibre (l’homéostasie), il le prépare à la fuite ou la lutte en concentrant toute l'énergie disponible sur les organes nécessaires à celles-ci.
Une fois l’homéostasie revenue, le sympathique est régulé par le parasympathique qui ramène le calme dans l'organisme, ralentit le cœur, reprend les fonctions digestives …
Le Docteur Porges à trouvé un système plus complexe qui change totalement la vision de la plupart des problèmes psychologiques, et apporte de la clarté sur des thèmes comme l'émotionnel , le relationnel ou le spirituel même :
Le système nerveux autonome est toujours composé de deux branches principales, mais l'une d'elle se divise en deux parties :
- Le nerf sympathique ou orthosympathique qui s'active pour permettre l'attaque ou la fuite tel que décrit précédemment.
Le nerf vagal qui se divise en deux branches:
Le nerf vague dorsal : héritage ancien de notre évolution qui permet la survie en cas de danger de mort,
Le nerf vague ventral : qui permet l'engagement social.
Il est à préciser que les notions de ventral/dorsal correspondennt à une particularité de l'anatomie du nerf à son départ, mais pas à sa destination vers le dos ou le ventre. En fait le vagal ventral innerve surtout le corps au dessus du diaphragme jusqu'au visage, le vagal dorsal, plutôt l' abdomen.
Pour résumer, au niveau comportemental :
Avant Porges
Deux états :
sympatique : attaque ou fuite
parasympathique : inhibition de l'action
Après Porges
Trois états :
Ventral : engagement social, coopération, connexion.
Sympathique : fuite ou attaque.
Dorsal : dissociation, figement pour éviter la mort.
La hiérarchisation du Système Nerveux Autonome
L'autre apport de Stephen Porges à la compréhension du comportement humain, est la hiérarchisation du SNA, c'est à dire que notre SNA va passer d'un état à l'autre dans un ordre précis.
Notre SNA a un rôle principal qui consiste à maintenir l'équilibre de notre organisme, l'homéostasie.
Pour ce faire, il a plusieurs outils. Il va en premier lieu collecter les informations des milieux interne et externe en utilisant différents « capteurs » : les sens. L’ouïe, l’odorat, la vue, mais aussi d'autres sens moins connus comme la nociception (sens de la douleur) ou la proprioception (posture du corps dans l'espace).... vont permettre au SNA de réunir des informations sur l'état du corps, mais aussi de notre milieu, et en particulier sur le niveau de dangerosité perçu (et donc pas forcément réel et tangible, le danger peut être imaginaire, ou mnésique).
En fonction du niveau de dangerosité, le SNA va évoluer d'un système à l'autre pour préparer le corps à la meilleur réponse afin de garantir l'homéostasie.
Il existe trois niveau de danger pour trois états :
Sécurité → vagal ventral → interaction sociale, collaboration et connexion avec les autres humains et le milieu intérieur comme extérieur.
Danger → sympathique (énergie haute) → attaque ou fuite, lutte, distraction, compétition, identification égoïque...
Mort imminente → vagal dorsal (énergie basse) → engourdissement, dissociation, figement, effondrement, collapse, mort.
Le passage d'un état à l'autre se fait toujours dans le même ordre, il utilise la hiérarchie des systèmes. C'est à dire que l'on ne peut pas passer du ventral au dorsal sans passer par le sympathique.
C'est très important de le comprendre en thérapie, ou lorsque l'on veut ramener le patient dans le ventral alors qu'il est figé dans le dorsal, l'on doit passer par le sympathique, à « haute énergie », c'est a dire que l'on doit passer par l'action.
La neuroception :
Le concept de la neuroception est bien connu, populairement appelé « 6ème sens », c'est celui qui nous permet de pré-sentir certains événements, et qui, en fin de compte, est en grande partie, un réel sens du corps des mammifères . Notre organisme perçoit l'état du SNA dans lequel se trouvent les autres personnes qui l'entourent.
Hérité de notre évolution, il est très remarquable chez les animaux vivant en groupe ; alors que le premier va identifier un danger, tout le troupeau va détaler dans un seul mouvement.
Le Docteur Porges a donc mis en évidence la nociception en remarquant déjà que les fibres composant les nerfs du système autonome étaient à 80 % composées de fibres permettant de remonter les informations au cerveau, et donc seulement 20 % pour commander l'organisme. Puis à force de recherches et de plus de 200 articles scientifiques, il a démontré que tout notre organisme fonctionnait comme une antenne qui perçoit et analyse en permanence le danger extérieur. Par exemple, notre cœur émet un champ magnétique, perceptible jusqu'à 4 mètres par le Système Nerveux Autonome d'une autre personne !
D'autres paramètres que ceux issu de la neuroception sont pris en compte par le cerveau comme : le ton de la voix, les tensions dans les muscles du visage, la déglutition, le souffle, le regard... pour jauger le niveau de danger ou de sécurité.
Toutes ces informations vont permettre au SNA de favoriser tel ou tel état, qui lui semblera le plus sécurisant et le plus équilibré.
Cette machinerie physiologique fonctionne très bien, si elle est bien calibrée, à l'image d'une balance qui nécessite un étalonnage régulier, le SNA va être étalonné par le développement de l'enfant. S'il se développe au seing d'une famille sécure, équilibrée, congruente, le SNA va engrammer un fonctionnement équilibré ajusté au réel.
Si cependant ce n'est pas dans un milieu équilibré que l'enfant va grandir, il aura une « mesure » du danger dé-calibrée : à l'image de la balance qui indique 5kg ou 50kg au lieu des 20kg à peser, le SNA peut sur-évaluer ou au contraire sous-évaluer le danger réel, ce qui va engendrer soit des stress non justifiés pouvant aller jusqu'au figement (mort imminente ressentie inconsciemment) ou au contraire des prises de risque inconscientes que l'on peut même diagnostiquer à tort comme suicidaires, alors que pour la personne, il n'y a pas de danger particulier.
Cette découverte permet une nouvelle lecture des comportements humains dysfonctionnels profond qui maintenant s'explique par une dérégulation de l'appréciation des stimuli internes ou externes.
Alors qu'avant nous cherchions à soigner la personne souffrante par la reconnaissance des traumas et la réécriture des comportements, aujourd'hui nous disposons de nouveaux outils qui permettent de recalibrer le SNA.
Des techniques apparaissent, d'autre viendront, ce sont de nouveaux continents qui nous apparaissent, et je suis heureux de faire partie des nouveaux voyageurs de la psyché humaine.
A retenir:

L'état du système nerveux autonome dépend de la sécurité qu'il va ressentir :
Ventral : interaction sociale, collaboration avec les autres humains et le milieu intérieur comme extérieur. On est en sécurité, connecté et actif, mais sans excès.
Sympathique : Fuite ou combat, l’énergie est forte, s'accompagne d'émotions, d'un discours intérieur intense qui nous maintient en vigilance, il y a du danger perçu par le système.
Dorsal : Cela commence par de la confusion, l’énergie est basse, puis vient le découragement, puis dissociation, figement, effondrement. Le système perçoit un danger de mort imminente.
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