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Nous ne réparons rien de rien, nous enfouissons c'est tout…

  • Photo du rédacteur: Julien Renault
    Julien Renault
  • 9 févr. 2018
  • 7 min de lecture

Bonjour, je m'appelle Julien Renault et mon travail de psychopraticien consiste à relire la psyché humaine et les comportements humains à la lumière de la grille de lecture qu'est l'IFS.

Comme tous les matins, j'ai toujours un moment ou une part de moi, constatant que je vais me retrouver dans les affres de l’inaction, me fait m’installer devant un ordinateur ou un téléphone pour prendre des nouvelles du monde virtuel et social.

Et comme toujours, je sens bien cette part angoissée par le « vide » et « l'improductivité » qui me pousse à m'occuper l'esprit, une part de moi aimerait bien la rencontrer pour la rendre moins « addict » mais en même temps, elle alimente d'autres parts plus créatives, qui me permettent d'écrire … donc j'attends de voir comment ce système évoluera dans le temps, le principal pour l'instant c'est d'en être conscient.

Et donc ce matin je tombe sur un article technique vantant l’efficacité d'une énième méthode pour être heureux, pour avoir une vie psychique saine.

Dérivé des accords toltèques, qui se déclinent en règles, en lois a appliquer pour soi afin de rétablir l'harmonie, cette technique simplissime consiste à être « comme ceci » et « comme cela », à voir la vie, le monde extérieur comme intérieur d'une certaine façon, à contrôler sa pensée, ses émotions, sa parole, le tout dans une discipline inspirante...

En fait, il s'agit de contrôler jusqu'au moindre de ses aspects intérieurs pour vivre pleinement sa vie.

Une part de moi a une grande tendresse pour les accords toltèques, et elle estime qu'ils se suffissent à eux-mêmes, ce n'est pas forcément d'une grande utilité de les plagier. Mais au delà de ça, une autre part de moi se met carrément en rogne, (je ressens sa colère) devant l'injustice qu'implique toutes ces méthodes coercitives ; elle s'active devant toute forme de violence.

A se stade, comme souvent, plusieurs directions s'offrent à ma conscience, une vers l’extérieur qui consiste a expliquer, à écrire en quoi cela est une violence de souhaiter son bien être, et une autre intérieur, qui consiste à rencontrer cette part qui s'active à la vue d'une violence.

Le second travail étant personnel, je me m'exercerai au premier. Tout en m'assurant que « c'est ok » pour cette part de moi qui exècre toutes formes de violence et surtout les plus subtiles et pernicieuses.

Tout d'abord un point de vocabulaire, la définition de la violence est très claire : « Force exercée par une personne ou un groupe de personnes pour soumettre, contraindre quelqu'un ou pour obtenir quelque chose. ».

D'un point de vue psychologique, une force c'est un mouvement de l'esprit qui s'oppose à ce qui est présent. Généralement, la force s'exerce des que l'on sort de l'acceptation. Qui exerce cette force ? Une part ou plusieurs parts qui estime que ce qui est présent représente un danger. C'est à dire que psychologiquement, la violence, c'est une volonté qui se forge en nous et qui s'oppose à ce qui est en nous présent. Combien même cette volonté est portée par une logique, un confort, un mieux être.

Concrètement, si je suis triste, toute volonté qui tendra à me pousser à être mieux sera une violence, une violence d'une part inquiète, ou joyeuse envers une part triste.

C'est sûr que dans un monde ou la violence prend toutes les formes de l’odieux au banal, de l'inique au « normal », vouloir être heureux à la place de triste paraît tout à fait logique et justifié. Sauf que voilà, le terreau qui permet à la violence de croître et se multiplier à l'infini, c'est la possibilité de se justifier. Henry Laborit disait à ce propos, non sans une certaine provocation, que si la parole s'est développée chez l'homme, ce n'est pas pour se sociabiliser ou pour courtiser, mais pour se justifier de ses actes violents.

Donc oui vouloir aller mieux, c'est logique, intellectuellement logique, vouloir retrouver une harmonie, un mieux être, la sérénité … sauf que ces choses sont des états, comme une eau calme et transparente qui se trouble à la moindre occasion.

Ce n'est pas la tristesse ou l'angoisse qui troublent la sérénité ; si je suis triste, et que je suis connecté a cette émotion qui m'indique souvent une séparation, un deuil au sens large, c'est ok. Mon système m’avertit que je subis une chose de l'ordre du deuil, via le message de la tristesse. Cela durera un certain temps en fonction de l'importance du lien qui m'unissait à cette chose ou cette personne. Si cette tristesse n'est pas portée par une part blessée, la tristesse ne fera que me traverser. Si elle est portée par une part blessée (un enfant intérieur), elle stagnera et sera surdimensionnée, ce qui m'indique la nécessite de rencontrer et soigner cette part de moi exilée.

Si une autre part s'oppose à cette tristesse, même si cela se justifie logiquement par la volonté de sortir de cette zone d'inconfort, la part qui porte la tristesse se retrouve prise entre deux feux, d'une part ce qui génère la tristesse, et d'une autre part qui veux générer de la joie. Imaginez un enfant qui tombe et pleure, il a mal.

imaginez maintenant que l'adulte qui l'accompagne lui dise d'arrêter de pleurer. Avez vous déjà vu un enfant arrêter de pleurer lorsqu'on lui demande ?

Pire si l'adulte insiste et se fâche, l'enfant aura en plus de la tristesse, la peur en lui. Et oui, peut être qu'il arrêtera de pleurer, mais pas parce qu'il n'y aura plus de tristesse, mais parce que la peur aura pris le dessus.

L'adulte peut au contraire faire le clown et peut être il fera rire l'enfant, mais la tristesse elle, sera toujours présente.

Moins consciente, moins présente mais toujours là, d'autant plus qu'elle n'a jamais été acceptée en tant que telle ; rien ne lui a été proposé pour qu'elle puisse se métaboliser, se digérer. La plupart du temps, on ne fait que superposer des émotions agréables aux émotions désagréables.

Ce simple mouvement est une contrainte :je contrains la tristesse au silence en lui superposant autre chose de plus bruyant, dans le but de me sentir mieux. Et plus la tristesse sera présente, plus je serai obligé d'augmenter la force, l'intensité de ce qui doit la recouvrir pour la museler. Lorsque la tristesse est présente, elle ne trouble pas la sérénité, au contraire, lorsque la tristesse, même profonde m'envahit, je peux trouver de la joie a éprouver une émotion aussi pure, sans que rien en moi ne s'y oppose. L'on peut être très triste et serein et calme. Être triste ce n'est pas être malheureux.

Ce qui va troubler ma sérénité, c'est la violence d'une autre part qui va lutter contre la tristesse, qui va chercher à la recouvrir, qui va chercher à l’extérieur des divertissements, à l’intérieur des raisonnements logiques ; cette force d'opposition trouble mon calme, trouble la paix, et ce trouble peut même réveiller d'autres parts de moi qui, elles aussi, vont s'opposer à ce premier trouble, et ainsi de suite, les oppositions vont s'additionner, mon état se troublera de plus en plus dans un chaos psychique.

Le ou les conflits intérieurs, c'est cela qui m'éloigne de la sérénité, c'est cela qui me rend malheureux, parce qu'à l'émotion première, s'ajoute l'injustice de la coercition de ces parts plus ou moins tyranniques qui veulent nous imposer leur propres émotions.

Voila pourquoi les techniques, les méthodes ne fonctionnent pas. Elles ne fonctionnent pas parce qu'elles sont recherchées la plupart du temps par une de nos parts qui veut un moyen de dominer les autres ; souvent des parts intellectuelles ou spirituelles, qui cherchent dans une technique le moyen , l'outil pour tordre le cou aux émotions désagréables, et plus cela coûte cher mieux mieux c'est.

En effet, la culpabilité d'avoir investi dans une énième formation démultiplie la force coercitive.

La culpabilité, c'est aussi efficace que de fournir de matraques à rallonge une escouade de CRS.

Lorsque les techniques de développement personnels servent nos parts, nous entretenons les conflits en armant l'un des belligérants ; et au lieu de se rapprocher d'un état de profonde sérénité, nous nous en éloignons, tout en étant consciemment persuadé d'être sur le bon chemin, nous nous enfonçons dans l'inconscience de ce qui se passe réellement en nous.

Pour se rapprocher de cet état de calme intérieur, de connexion, il faut aller au devant de nos émotions, les écouter avec neutralité, écouter aussi ce qui a peur des émotions en nous, peur d'être submergé, peur de changer, peur de vivre ou revivre des choses terribles, peut être se faire aider au début, apprendre à nommer une émotion. Je me sers des cartes que ma femme utilise avec les enfants, et que l'on trouve facilement sut le net (cartes des émotions) en les étalant sur une table, elles permettent de retrouver les mots sur les signaux, et rien que cela génère un grand soulagement pour nos parts qui nous signalent des choses parfois depuis des années.

Puis nous pouvons suivre le signal, voir ou il nous mène, auprès de quelle partie de nous il nous guide, écouter cette nouvelle part de nous, parfois inédite, qui vit en nous, recluse, cachée à notre conscience. En prendre soin... oui cela est juste de prendre soin de ce qui souffre en nous, plutôt que de l'enfouir sous des strates et des strates d'émotions factices, de pseudo travail spirituel qui n'ont d’intérêt que le divertissement qu'ils représentent.

Mes mots sont peut être durs, mais lorsque comme moi, vous vous occupez d'enfants malmenés par la vie (fussent-ils intérieurs), de les voir enfermés et bâillonnés vous donne encore plus d'énergie et de passion pour leur venir en aide. La seule différence notable avec les enfants, c'est que pour rencontrer un enfant intérieur, il faut le faire en écoutant pourquoi le système psychique l'a enfermé et exilé, en quoi il représente un danger pour ce système, et avoir l'accord du système pour le rencontrer. Ce qui est incroyable, c'est que quelque soit la violence des émotions ou la tyrannie des parts en conflit, elles ont toujours en elles la volonté de nous sauver, et une fois la confiance instaurée, elles nous mènent toujours là ou il y a besoin de prendre soin.

Je dois dire que je suis toujours très ému par la confiance que me font les parts de mes clients, et ce cadeau d'être témoin de la rencontre entre un adulte et son enfant intérieur est toujours d'une intensité et d'une beauté inestimables, qui me font dire que je suis au bon moment et au bon endroit.

 
 
 

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