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A propos du Burn-out...

  • Photo du rédacteur: Julien Renault
    Julien Renault
  • 22 janv. 2018
  • 6 min de lecture

Bonjour, je m'appelle Julien Renault et mon travail de psychopraticien consiste à relire la psyché humaine et les comportements humains à la lumière de la grille de lecture qu'est l'IFS. Qui ne connaît pas le bun-out, syndrome des temps modernes, reconnu officiellement dû aux conditions de travail ?… Je n'ai pas l'intention de refaire un énième article sur ce syndrome comme on peut en lire tant, non, mon intention est d'éclairer le burn-out à la lumière de l'IFS (Internal Family Systems).

Ce « Syndrome d'épuisement professionnel » est beaucoup étudié avec un regard très productiviste, par des professionnels qui voudraient allier cadence infernale, structure hiérarchique, profit et humains, le tout dans un package pseudo-bienveillant ;on n'est pas des chiens… A tord il est souvent expliqué par de mauvaises conditions de travail, du stress constant, des chefs despotiques… Au regard de mes observations, je ne trouve pas que ce soit vraiment un dénominateur commun.

C'est d'ailleurs sur ce manque de dénominateur commun que souvent, il est diagnostiqué comme dépression ; la mère de famille ne pourrait donc pas officiellement souffrir de syndrome d'épuisement professionnel ?

Dans ma pratique, ce qui m'anime le plus ardemment, ce n'est pas la technique ni mon pouvoir à soulager les gens, c'est de trouver la ressource en moi pour me connecter aux humains au delà de leurs « diagnostiques », au delà de leurs « syndromes », dans un réel état d'esprit humaniste. Dans notre grille de lecture, on appelle cette énergie, l'énergie du self.

De cette énergie, les éléments apparaissent différemment ; il ne s'agit plus de voir le problème comme la conséquence de mauvais traitement extérieur, ou comme une faiblesse de la psyché, voire une incompétence psychologique. Pour tout dire le burn-out n’apparaît plus comme un problème du tout ! Sans faire preuve d'un point de vue naïvement optimiste, je constate que la nature qui a engendré la psyché humaine est merveilleusement bien faite, et lorsque l'esprit s'effondre ce n'est pas une faiblesse, c'est un signal, une mise en garde. Dans notre monde, les symptômes sont plus perçus comme des problèmes, des pertes de temps plus ou moins douloureuses que des indices de dysfonctionnement, des panneaux indicateurs. La majorité des médicaments en France traitent des symptômes, pas des maladies.

Que nous signale le burn-out ? : Qu'il faut arrêter.

Arrêter quoi ?

Là est la première question importante...

C'est la première question que l'on rencontre logiquement, mais en fait, je crois que cette question qui renvoie vers le système extérieur n'est pas très importante finalement. Dans le fonctionnement de la psyché, le burn-out est un des signes les plus extrêmes, qui s'inscrit dans un continuum émotionnel et qui par conséquence devrait arriver après de nombreux autres signaux, (psychologique, physique, émotionnel). Qu'est ce qui fait que les autres signes précurseurs n'ont pas été vus/perçus/pris en compte ? N'ont pas été vécus comme ils auraient dû ?

Cette question est cruciale, c'est en réalité ici que réside le dysfonctionnement. Imaginez un moteur qui se bloque à cause d'une surchauffe, alors qu'aucun des capteurs, aucune des sondes n'a été suffisamment efficace pour signaler le danger.nIl serait stupide de réparer le moteur et de repartir en changeant juste une route pour moins épuiser la mécanique, sans réviser les différents capteurs défaillants . Il en va de même pour nous : changer de poste, de chef ou de lunettes ne sert à rien si nous ne voyons pas en quoi nos signaux ne sont pas lus, et surtout, n'améliore pas notre maturité psychologique. Qu'est un signal pour la psyché humaine ?

Une émotion.

Pour résumer, les personnes qui rencontrent le burn-out sont des humains qui ne conscientisent pas, ne ressentent pas efficacement les émotions telles que la colère, le dégoût, la peur, la tristesse… toutes ces émotions produites par nos parts protectrices, qui nous signalent que quelque chose cloche en nous, que notre équilibre interne est compromis.

Dans une démarche humaniste, mais néanmoins holistique, il s'agit de permettre à la personne de se connecter, de se reconnecter à ce qui se passe en elle en temps réel, de lui permettre d’entendre ses protecteurs sans crainte ni tension. Endors de toute approche « pathologisante » et mécaniste.

Il est évident que ce qui se passe à l’extérieur est important, mais en premier lieu, ce qui compte en début de séance, c'est de rencontrer ce qui se passe en soi, et pourquoi nous n'arrivons pas à prendre en compte les signaux, pourquoi alors que des parts de nous s'agitent, s'affolent ou se révoltent, d'autres les étouffent, les musellent littéralement nous empêchant ainsi de voir que nous subissons des contraintes extérieures inacceptables.

En définitif ce n'est pas que les émotions n'existent pas en nous, elles sont là ; la colère qui devrait nous pousser à rejeter une situation, la peur qui devrait nous la faire fuir... mais c'est qu'elles sont annulées par des forces bien souvent inconscientes qui leur sont supérieures en intensité. Ces forces émanent d'autres parts qui craignent les émotions initiales. Leurs craintes principales sont :

  • La peur d'être submergé par des émotions douloureuses (peur que colère dévaste tout, peur que la tristesse nous écrase …)

  • La peur de revivre un trauma lié aux émotions (renforcement du trauma)

  • La peur d'activer des réactions en chaîne démesurées et incontrôlables.

  • La peur de la réaction de l'entourage externe, peur du rejet, du jugement, de la honte …

Ces parts, qui étouffent les émotions de nos protecteurs, qui nous signalent qu'il se passe des choses intolérables, ont tout un arsenal de stratégies pour nous détourner de la conscientisation. Cela peut être des dissociations (rêveries, ruminations, problèmes sans réelle importance qui sont envahissants...), des addictions (alcool, drogue, boulimie, sexe, travail…), des divertissements (télévision, réseaux sociaux, lecture, politique…)

Tout est bon pour nous détourner du signal qu'elles redoutent tant.

Mon travail consiste à résoudre les conflits entre parts, en allant rencontrer les secondes et voir pourquoi elles redoutent tant les émotions des premières. En écoutant en quoi réside le danger d'être en colère ou triste, dégoûté ou honteux, en comprenant pourquoi est-ce si vital pour la personne d'éviter de revivre ce type d'émotions dans un certain contexte.

En effet, ce ne sont pas toutes les colères qui seront ainsi filtrées, mais les colères liées à une relation hiérarchique ou de dominance par exemple, ou la tristesse d'être maltraité qui ne s'exprime pas à cause de la peur d'être inacceptable et rejeté par les autres…

Très souvent, je rencontre des parts vulnérables, des « exilés » dans mon jargon (enfant intérieur blessé) qui partagent des expériences vécues sur le thème de la peur du rejet.

Pour un enfant, être rejeté sonne comme une impression de mort. Souvent ces personnes dans leur enfance ont vécu la honte, le rejet ou le manque d’intérêt de la parts de leurs parents hors des résultats scolaires. Ainsi, des résultats positifs entraînent une gratification, des négatifs une récrimination, et hors cette relation basée sur le résultat, peu d'échanges affectifs, peu de jeu et des repas expresses avec peu d'échanges personnels profonds. Le cerveau immature aura vite fait d'engrammer qu’en dehors du travail, pas de vie. Et qu'en dehors de résultats positifs et attendus, pas de gratification.

Il ne s'agit pas ici de stigmatiser les parents, de chercher des coupables. La plupart des croyances que nous adoptons sont issues de conditionnements subtils, d'habitudes culturelles et de faits pas forcément majeurs. Leurs effets peuvent être conséquents, mais leurs origines, qui paraissent énormes pour un enfant, n'apparaît pas aux parents. La plupart du temps, les adultes ne perçoivent pas le caractère impactant de leurs croyances, de leurs conditionnements et lorsqu'ils en ont la conscience, les partagent comme valeurs fondatrices.

Bien que la naissance d'un exilé puisse prendre des formes très différentes, il ne s'agit là que d'un exemple, sa prise en charge répond toujours à un certain nombre d'étapes plus ou moins marquées telles que sa reconnaissance, son témoignage, le déchargement du fardeau, la réintégration dans le présent et la réintégration des compétences perdues. Je détaillerais dans un autre article ces différentes étapes.

Lorsque la prise en charge d'un enfant intérieur blessé est achevée, le ou les protecteurs qui lui sont liés, qui le protégeaient, voient et comprennent qu'ils peuvent adoucir leurs rôle, le stopper et envisager un autre travail plus nourrissant, plus harmonieux. Et surtout plus en lien avec leurs valeurs.

A ce niveau, ils se sentent beaucoup moins en danger vis à vis des émotions premières, ce qui permet aux protecteurs du système de mieux prévenir la conscience de l'intolérable d'une situation, sans avoir recours à des émotions extrêmes ; les émotions sont plus légères et inspirent des réactions internes moins conflictuelles.

Cela ne veux pas dire que les réactions externes seront plus douces, non ; peut être même au contraire, lorsque la personne subira une injustice ou un mauvais traitement, elle saura réagir avec fermeté et détermination, là ou avant, trop de choses rentraient en conflit et elle l'en empêchait. La réaction sera en lien direct avec les valeurs humaines, avec les besoins humains, au delà des influences des conditionnements. C'est pour cela que je vois dans mon travail d'accompagnement, une aide à réveiller les valeurs humaines qui sommeillent en nous, anesthésiées par notre éducation coercitive.

Je dois dire que je suis toujours très ému par la confiance que me font les parts de mes clients, et ce cadeau d'être témoin de la rencontre entre un adulte et son enfant intérieur est toujours d'une intensité et d'une beauté inestimables, qui me font dire que je suis au bon moment et au bon endroit.

 
 
 

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